Comme psychologue, je rencontre des productrices et des producteurs agricoles pour régler différentes sortes de problématiques. Une thématique récurrente, c’est le besoin insatiable de reconnaissance. Peu importe l’âge, le domaine d’emploi ou l’expérience de vie des gens, on retrouve les mêmes besoins psychologiques fondamentaux : aimer et être aimé, être reconnu, être accepté de ses pairs, de sa communauté et de sa tribu. Réagir à la critique est un comportement normal pour notre survie.

Pourquoi avons-nous besoin de reconnaissance?

Le manque de reconnaissance est souffrant; que ce soit dans un conflit entre associés, entre parents-enfants ou dans un couple.

« Elle dit que je n’en fais jamais assez »

« Il chiale toujours quand ce n’est pas fait, mais jamais il ne remarque tout ce que je fais. »

« Elle ne me respecte pas. »

« Même si ça fait 35 ans que je suis producteur, tout ce que je dis ne vaut rien à ses yeux. »

« J’ai beau être formé à l’ITA, mon père rejette toutes mes idées. »

D’où vient ce besoin si vital d’être reconnu, entendu et accepté?

Longtemps, on croyait que les besoins psychologiques (être aimé, reconnu, accepté) étaient secondaires aux besoins physiques (se nourrir, se loger, et procréer). Toutefois, il semble qu’ils soient aussi essentiels.

Selon la théorie de l’évolution, tous les comportements dont nous avons hérité ont assuré à un moment donné la survie de l’espèce. Nous avons peur des bêtes féroces parce que nos ancêtres qui s’en approchaient ont fini en dîner. La peur des hauteurs? Elle a empêché nos ancêtres apeurés de s’approcher trop près d’une falaise et de tomber en bas.

Pourquoi a-t-on peur du rejet?

Pendant longtemps, la vie était trop difficile pour survivre seul. Lorsqu’un membre de la tribu était expulsé, il se retrouvait seul face à face au mammouth, au tigre à dents de sabre. Pire encore, il finissait dans l’autre tribu en brochette sur le barbecue (pas terrible pour la reproduction). Afin d’assurer notre survie, notre cerveau nous donc a équipé d’un besoin extrême. Le besoin du désir d’être aimé, apprécié ou reconnu est essentiel à notre survie. Soit on devient anxieux et on s’imagine le pire (comme de finir en barbecue) ou on tente de se défendre et on devient agressif. Chacun répondra différemment à la menace d’être rejeté, mais tous vivront de fortes émotions négatives.

Les menaces pour notre ego

Bien que notre survie ne dépende plus de l’acceptation d’une tribu, on est toujours pris avec ce foutu besoin. Donc, comme parent, partenaire, associé, employeur, sachez que toute critique que vous communiquez par vos gestes et paroles sera perçue à travers ce filtre par l’interlocuteur.

Nous avons un mécanisme dans notre cerveau qui est très habile à détecter (et parfois inventer) les menaces pour notre ego ou notre statut au sein du clan. Alors quand le cerveau entend ou interprète : « t’es pas correct, t’es pas intelligent, t’a pas de goût », le signal d’alarme sonne « danger, mammouth en vue! »

Réduire la critique pour améliorer nos relations

C’est pourquoi je vous invite à donner vos critiques judicieusement en choisissant les bons mots. Essayez de rassurer l’autre en lui nommant aussi ce qui va bien et limitez la critique constructive à un comportement précis à changer. Pensez aussi à choisir le moment approprié pour le dire (pas devant tout le monde).

Et si c’est vous-même qui recevez une critique, sachez que votre survie n’est pas en jeu. Finalement, remettez ça en perspective et rappelez-vous que le mammouth ne vous piétinera pas aujourd’hui!

 

Pierrette Desrosiers, psychologue

Coach d’affaires- entreprises familiales

Conférencière, formatrice et auteure

Boutique:https://pierrettedesrosiers.com/boutique-outils-developpement-intelligence-emotionnelle/