« J’peux pas croire qu’il ne réalise pas à quel point il est incompétent. En plus, il se vante! » . Malgré ses allures de paon, sachez que votre associé pourrait bien souffrir du biais cognitif appelé l’effet Dunning-Kruger selon lequel les moins compétents dans un domaine surestiment leurs compétences.
L’effet Dunning-Kruger: les incompétents se surestiment
L’hypothèse des chercheurs de l’effet Dunning-Kruger ont démontré qu’en observant sa ou ses compétences à des degrés divers, la personne incompétente :
- tend à surestimer son niveau de compétence;
- ne parvient pas à reconnaître la compétence de ceux qui la possèdent véritablement;
- ne se rend pas compte de son degré d’incompétence;
- sera en mesure de reconnaître et d’accepter ses lacunes antérieures dans l’optique où son entraînement mènera à une amélioration significative de ses compétences.
En ce qui concerne le dernier point, encore faut-il que la personne accepte un peu de rétroaction et veuille s’améliorer, ce qui n’est pas toujours le cas.
Les personnes compétentes se sous-estiment
À l’opposé, les plus compétents auraient d’une part tendance à sous-estimer leur niveau de compétence. Ils seraient plus conscients de leurs faiblesses que de leurs forces, ce qui les rendrait moins sûrs de leur expertise. D’autre part, certains pourraient également souffrir du syndrome de « l’imposteur ». Cela les amènerait alors à ressentir une forme de doute maladif et à nier tout accomplissement personnel. Ces personnes rejettent donc plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail et attribuent leur succès à des éléments extérieurs (la chance, un travail acharné, leurs relations, des circonstances particulières, etc.).
Qu’en est-il des dirigeants en général?
Plusieurs recherches ont démontré que les gens sont de très mauvais juges pour s’auto-évaluer. Seulement 10 % des entrepreneurs et gestionnaires auraient ainsi une perception juste et réaliste d’eux-mêmes alors que près de 75% pensent appartenir au 25% des plus intelligents et des plus compétents. Pour la modestie, on repassera. Plus on monte dans la hiérarchie et plus l’effet de Dunning-Gruger s’accentue. Pour reprendre l’expression de Darwin : « L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance ». Donc, « ils savent ce qu’ils savent, mais ils ne savent pas ce qu’ils ne savent pas ».
Que dire de ces dirigeants à la tête des plus grandes institutions?
Soyons réalistes : les gros égos ont certes plus de chance de gravir les échelons, et ce, sans même se rendre compte de leur incompétence. Alors comme le mentionne Jacques Sternberg « Ignorance et arrogance ne riment pas seulement, ils vont souvent de pair ».
D’autres personnes fort compétentes souffrent quant à elles de modestie ou du syndrome de l’imposteur et n’osent pas prendre leur place. Il n’est donc guère rassurant de voir par qui nous sommes dirigés, pas plus que d’assister à tous ces dérapages économiques, sociaux, politiques et environnementaux que cela peut entraîner.
Des solutions pour contrer ce phénomène de l’effet Dunning-Kruger?
Tout d’abord, être conscient de la nature humaine avant de passer au scrutin de vote. Il est par ailleurs possible de se prémunir soi-même de cet effet en demandant du feedback, en acceptant que l’on ne soit pas parfait et en cultivant le désir et la pratique de l’amélioration continue.
Finalement, et comme le disait Confusius :
« La vraie connaissance est de connaître l’étendue de son ignorance. »
Par Pierrette Desrosiers, M.Ps.
Psychologue du travail, conférencière, coach d’affaires, formatrice et auteure.
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