Vous trouvez la vie injuste? Et bien, vous avez raison…!
Ce titre vous fait réagir? Je dois vous avouer que malgré ma formation et mon expérience de vie il m’arrive aussi de l’oublier. Avec mes quelques (plusieurs) cheveux gris, j’ai vécu personnellement de petites, mais aussi de plus grandes tragédies. Comme vous, et tout être humain normal, mon premier réflexe est de me dire «et que la vie est injuste » pourquoi moi? Ou pourquoi lui ou elle (une personne que j’aime) ? Selon mon opinion, je, ou l’autre que j’aime ne mérite pas ce qui lui arrive.
Et bien, comme un client me disait : « la vie est parfois une bitch » et oui, il a raison.
« Oh Mme Desrosiers », pensez-vous , « est-ce qu’une psychologue ne devrait pas demeurer zen malgré tout ce qui peut lui arriver ? » Eh bien non. Les psychologues sont aussi atteints lorsque la tragédie ou les grandes difficultés entrent dans leur vie et contrairement à la pensée populaire, ils n’ont pas une lunette rose. Alors lorsque les difficultés arrivent, l’important est le temps que l’on prendra pour revenir avec des attentes et une vision réalistes de la vie. La vie est parfois extraordinaire, mais elle a aussi son lot de difficultés et de tragédies. Et, les difficultés ne vont pas au mérite.
«Plus nos attentes sont élevées, plus on risque d’être déçu, frustré ou de vivre un épisode dépressif. La vie est imparfaite et la vie est injuste. Si quelqu’un vous a fait croire le contraire, et bien, il est temps pour vous de revenir sur terre.»
« On m’a annoncé que j’avais un cancer incurable. J’ai décidé de vivre pleinement le temps qu’il me reste avec mon conjoint et mes enfants. Nous continuons de planifier des projets, de vivre des petites folies. Nous avons décidé d’être heureux malgré et avec la maladie. Il y a des jours plus difficiles, mais nous essayons d’apprécier les plus petites choses. » C’est dans cet esprit que sereinement Agathe et Paul m’ont parlé de leur réalité.
Étaient-ils découragés, dépressifs, en colère? Pas du tout. Cette annonce a été évidemment un choc pour eux, mais ces derniers se sont rapidement ressaisis. Lorsque je leur ai demandé comment ils parvenaient à accepter cette triste réalité, ils m’ont naturellement répondu :
« C’est simple, quand on a le goût de s’apitoyer sur notre sort ou encore de se mettre en colère, on se dit : est-ce que ça va changer quelque chose? On peut avoir peur pour demain ou regretter hier, mais il n’y a qu’aujourd’hui où nous pouvons choisir d’être heureux. Donc, nous apprécions tous les petits moments et prenons la vie un jour à la fois. Lorsque la journée est plus difficile à gérer, et bien, c’est une heure à la fois ».
Cet entretien m’a sérieusement fait réfléchir et amenée à me dire : « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux? »
Depuis des années, j’ai abordé bien des thèmes lors de mes consultations et de mes conférences. Différentes raisons peuvent nous inciter à vivre des épisodes malheureux. Si on attend que toutes les sphères de notre vie soient en parfaite cohésion pour être heureux, nous sommes certainement voués au malheur.
Même constat si on attend que le compte de banque soit bien garni, que la santé soit au rendez-vous, qu’il n’y ait aucune incertitude face à l’avenir, que nos enfants aient d’excellents comportements, qu’ils soient bien placés, que la libido de madame soit au plafond ou que le romantisme de monsieur soit digne de celui du prince charmant. De fait, peu de gens auront un jour le privilège que toutes « les planètes » soient parfaitement alignées. Si cela se produit, cela ne durera malheureusement qu’un court instant.
Dans le domaine de la psychologie, il est bien reconnu que les émotions négatives ou les états « malheureux » sont causés non pas par les événements, mais bien par l’interprétation que l’on en fait ou encore par des attentes irréalistes. Ce sont en fait les petites cassettes qui tournent dans notre tête qui ont le pouvoir de teinter soit en rose soit en noir notre vision du monde. Plus nos attentes sont élevées, plus on risque d’être déçu, frustré ou de vivre un épisode dépressif. La vie est imparfaite et la vie est injuste. Si quelqu’un vous a fait croire le contraire, et bien, il est temps pour vous de revenir sur terre.
Il est vrai qu’il se présente parfois des circonstances qui nous demandent une très grande gymnastique intellectuelle et sagesse pour pouvoir s’y adapter. Toutefois, lorsque nous rencontrons des gens comme Agathe et Paul, il y a lieu de s’interroger sur notre façon de voir les choses, de concevoir la vie.
Quelques mois ont passé et Agathe n’est plus. Par contre, celle-ci a décidé de laisser le plus bel héritage à son conjoint et ses enfants : partir dans la sérénité et accepter la fatalité avec le plus grand courage qui soit. Avant de s’élever vers d’autres cieux, elle avait ainsi bien appris la « prière de la sérénité » : Mon Dieu, donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en connaître la différence.
Agathe n’avait pas de contrôle sur la maladie, mais seulement sur la façon dont elle pouvait y réagir. Elle a décidé d’être heureuse malgré et avec la maladie. Et vous qu’attendez-vous pour être heureux?
Je vous souhaite une nouvelle année remplie de petits bonheurs à savourer au quotidien et la sagesse de savoir comment gérer les difficultés.
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par Pierrette Desrosiers, M. Ps, psychologue du travail
coach d’affaires, conférencière, formatrice et auteure