Pardonner permet de reprendre le contrôle sur sa vie et de canaliser son énergie dans des projets positifs.
« Mon père était dur, absent, il ne nous a jamais dit qu’on était bon, encore moins qu’il nous aimait. C’est pour cela que j’éprouve tant de problèmes », me confia Alain avec colère. En effet, avoir un parent qui manque de compétences de base peut certainement laisser des traces. La violence (physique ou psychologique), l’incapacité à démontrer des émotions positives, l’incapacité à fixer des limites, l’autorité extrême et le manque de sécurité sont tous des facteurs qui affecteront, à intensité variable, le développement des enfants.
Toutefois, devenu adulte, deux choix s’offrent à nous, soit persister à se plaindre ou accepter la réalité : on a eu des parents inadéquats (comme dans le cas de Marc) . On ne peut assurément pas donner ce qu’on n’a pas.
« Comment pardonner à ses parents qui étaient inadéquats ? », me demande Marc. Tout simplement en réalisant que ceux-ci ont fait de leur mieux avec ce qu’ils avaient. Ils ne disposaient, fort probablement, que d’un très bas niveau de maturité émotionnelle. De façon générale, ces personnes sont assez inconscientes des choix qu’elles font et surtout des conséquences réelles qui en découlent. Même si elles en prennent conscience, il s’avère très difficile de parvenir à changer quoi que ce soit à cause de leur incompétence.
Je suis toujours surprise aussi de constater à quel point les gens perdent leur précieuse énergie et épuisent leurs ressources à en vouloir à des gens ou des événements sur lesquels ils ne peuvent rien changer.
Lorsque Marc réalisera que d’en vouloir à son père ne lui apporte somme toute que de la colère et de l’insatisfaction, en plus de le priver de son pouvoir réel de changer sa vie, il sera plus prêt à passer à autre chose. Devenir émotionnellement mature, c’est devenir conscient des choix que nous faisons et de l’impact qu’ils ont sur nous et sur les autres. Pour pouvoir changer certains aspects de notre vie, il faut réaliser à quel point nous nous limitons inutilement. Il faut aussi trouver la façon d’affronter nos limites et d’y mettre fin. Enfin, il s’agit de reconnaître son pouvoir d’accepter et de reprendre possession de son pouvoir.
Lorsque vous rencontrez un enfant de cinq ans, vous ne pouvez logiquement pas vous attendre à ce qu’il se comporte comme un adulte. En l’occurrence, il y a des gens qui, sur le plan de la maturité émotionnelle, ne sont toujours pas parvenus à atteindre un niveau de plus de cinq ans. Il est donc irréaliste de s’attendre à ce que ces mêmes personnes se comportent en adulte. Par ailleurs, même si vous possédez un niveau de maturité émotionnelle à neuf (sur dix) et que celui de la personne qui vous accompagne est de trois, votre relation n’aura pas l’équivalence d’un six, soit la moyenne des deux niveaux. La relation ne pourra atteindre que le niveau le plus bas des deux individus, c’est le principe du maillon le plus faible.
Si des gens de votre entourage se comportent d’une façon immature la plupart du temps, deux options sont possibles : soit vous tentez de les aider à devenir adultes ou vous ajustez vos attentes en fonction de la réalité. Si vous optez pour la première stratégie : bonne chance !
La plus grande satisfaction que peut vous apporter le pardon est de reprendre le contrôle sur votre vie et de canaliser votre énergie. Pendant que vous « suez », que vous vous dépensez dans une relation négative, vous ne pouvez pas investir dans des relations et des projets positifs.
La prochaine fois que vous vous surprendrez à vous plaindre des comportements (passés ou actuels) des autres à votre égard, prenez quelques secondes pour vous poser les questions suivantes :
-Est-ce que j’ai un quelconque pouvoir sur la situation ?
-Le fait d’entretenir ce genre de pensées et de sentiments m’aide-t-il réellement à atteindre mes objectifs ?
-Combien d’heures ou de jours est-ce que je prévois d’encore « investir » dans cette histoire ?
-Est-ce que ces pensées me rendent plus heureux ?
-Combien de pouvoir est-ce que je veux encore lui donner sur ma vie ?
Bonne réflexion !
Par Pierrette Desrosiers, M.Ps , psychologue du travail
Conférencière, coach d’affaires, formatrice et auteure
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