La société nord-américaine connaît une augmentation fulgurante du narcissisme comparable à celle de l’obésité aux États-Unis.

 

Depuis quelques années, nous sommes aux prises avec une nouvelle génération dont les exigences ne cessent de grandir. Il n’est pas rare d’entendre : « Je ne travaillerai certainement pas 7 jours sur 7. Je ne ferai pas toutes les heures que mes parents ont faites, ce n’est pas une vie ça. Pas question de sacrifier mes deux semaines de vacances. Après tout, on a juste une vie à vivre! » On commence dans la vie avec les meubles, la voiture et le carrosse du bébé neufs et achetés à crédit. La preuve, le ratio d’endettement des ménages canadiens a atteint le sommet record de 150 % en 2010.

On pourrait penser que ces comportements et attitudes témoignent d’une excellente confiance en soi, d’une grande détermination ou encore de traits entrepreneuriaux marqués. Toutefois, on peut aussi y voir les manifestations d’une génération montante, la génération du « MOI ». Ce qui la distingue? Traits narcissiques de plus en plus marqués, dont un amour de soi grandiose, un manque d’empathie, une incapacité à prendre la critique, un excès de confiance, une recherche du plaisir immédiat, une faible tolérance aux frustrations de la vie et des attentes irréalistes. Puis surtout, une perception d’être unique, spécial et de se mériter des traitements particuliers. Bref, un brin égocentrique!

En somme, quatre facteurs importants contribueraient au développement du narcissisme : l’éducation parentale (tu es le meilleur mon enfant, je te donnerai tout ce que tu veux), la publicité entourant la célébrité (particulièrement les téléréalités), les médias et Internet, ainsi qu’un plus grand accès au crédit.

Selon l’expert Jean Twenge de l’Université de San Diego, la société nord-américaine connaît une augmentation fulgurante du narcissisme comparable à celle de l’obésité aux États-Unis. Lors d’un sondage de l’organisation Gallup, en 1950, 12 % des participants ont répondu à l’énoncé « je suis une personne très importante », comparativement à 80 %, en 2005. De plus, 51 % des participants âgés de 25 ans ont déclaré que l’objectif premier dans leur vie était de devenir une célébrité.

Quelles sont les conséquences sur l’économie de cette génération de nouveaux gestionnaires et entrepreneurs? Une confiance irréaliste en ses moyens, un optimisme grandiose et la certitude de mériter ce qu’il y a de mieux. Voilà un très mauvais cocktail lors de périodes difficiles de la vie.

Selon ces experts, la montée du narcissisme pourrait expliquer l’endettement extrême et, en partie, la crise financière aux États-Unis. En fait, plusieurs Américains croyaient « mériter » la grosse maison, la belle voiture, etc. L’histoire nous démontre toutefois qu’entre le mérite et la capacité, il y a une marge.
Maintenant, il est intéressant de se poser la question si le même phénomène se produit au Québec. L’endettement de certains citoyens et de certaines entreprises pourrait également s’expliquer par l’augmentation généralisée du narcissisme et non pas seulement chez les jeunes.

Si la tendance se maintient, selon ces experts, nous n’aurions encore rien vu en matière d’endettement. En effet, seulement 10 % des leaders et entrepreneurs de différents milieux ont une perception réaliste d’eux-mêmes. Quelque 75 % pensent appartenir aux 25 % des plus intelligents et compétents.
Lorsque l’on se dit « après tout je le mérite », que l’on souffre du syndrome du voisin gonflable ou que notre égo nous empêche d’écouter certains conseils, nous sommes à risques comme citoyens ou entrepreneurs d’également expérimenter l’une des pires crises économiques qui soient.

Bien entendu, les causes de l’endettement demeurent complexes et multifactorielles, mais si l’explication se révèle en partie vraie pour nos voisins américains, pourquoi en serait-il autrement pour nous?
Nous ne pouvons rester insensibles aux conséquences de cette nouvelle culture du « moi ». Il serait peut-être temps de revisiter notre français et de réintégrer progressivement le « tu, nous, vous et ils », plutôt que de tout conjuguer au « je ».

 

Bonne réflexion!

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