Quel prix êtes-vous prêt à payer pour le bonheur de vos enfants? Combien vous coûte-t-il? « Le bonheur de mes enfants n’a pas de prix », me direz-vous. Quand on aime, on ne compte pas. Toutefois, à entendre plusieurs de mes clients, « l’amour n’a pas de prix, mais ça coûte cher en maudit ».
Cette question ne se posait probablement pas il y a 30 ou 40 ans. Avec huit bouches à nourrir et très peu de revenus, il n’y avait pas de place pour le luxe, le but était d’arriver à la fin du mois.
Bien sûr, comme nos parents, on aime beaucoup nos enfants et on veut le meilleur pour eux. Toutefois, aujourd’hui, ayant moins d’enfants et une plus grande accessibilité au crédit, on peut se « permettre » d’être plus généreux. Mais à partir de quand sommes-nous « trop généreux »? C’est quoi un enfant gâté? Trop gâté?
J’aimerais bien vous mettre un chiffre sur « trop gâté », mais c’est impossible. En fait, pour déterminer si un enfant est trop gâté ou non, il ne s’agit pas de qu’est-ce qu’on lui donne, mais plutôt de comment il obtient ce qu’il veut. Votre enfant n’a qu’à demander, hausser le ton, pleurer, supplier ou vous menacer, et vous voilà prêt à répondre à toutes ses requêtes? Pire encore, il ne demande rien, mais reçoit tout sur un plateau d’or?
Je vois des parents qui hypothèquent leur retraite pour « aider » leur enfant à se lancer en affaires, à payer leurs études ou encore à payer des dettes de drogue. Je vois des parents travailler comme des fous, pendant que leur enfant fait le party et mène la belle vie. « Mais si on a les moyens, c’est quoi le problème? »
Le problème, c’est quand on donne trop de tout, trop facilement à notre enfant. Nous le privons de la satisfaction d’avoir bûché fort pour l’obtenir. Nous le privons de développer sa capacité à attendre, à désirer quelque chose, à se priver et à accepter les difficultés de la vie. Nous le privons de développer sa résilience, sa capacité à s’adapter et à innover. « En voulant tout lui donner, on le prive de beaucoup ».
Pourquoi agissons-nous ainsi avec notre enfant?
- Parce que nous croyons que « plus » est synonyme de « mieux », de « bonheur ».
- Parce que nous voulons à tout prix lui éviter les difficultés et les carences que nous avons connues.
- Parce que nous ne pouvons tolérer l’idée qu’il nous en veuille pour un moment.
- Parce que nous associons le fait d’être un bon parent à notre capacité de toujours répondre à ses besoins.
- Parce que nous ne pouvons tolérer de le voir triste, déprimé, en colère ou d’en avoir moins que ses amis.
- Parce que nous définissons notre valeur comme être humain, en fonction du succès de notre enfant.
Enfin, pour notre bien-être et celui de notre enfant, nous devrions revenir au bon vieil adage : « apprendre à pêcher à notre enfant au lieu de lui donner du poisson ». Pourquoi ? Pour qu’il devienne indépendant. Pour qu’il apprenne à se faire des réserves pour les jours où la pêche sera moins bonne. Pour lui éviter de crever de faim quand nous ne serons plus là.
Limitez le poisson que vous lui donner alors qu’il est encore temps, afin qu’il apprenne à pêcher. Peut-être vous restera-t-il un peu de poisson pour vos vieux jours?
Par Pierrette Desrosiers, M.Ps.
Psychologue du travail, conférencière, coach d’affaires, formatrice et auteure.
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