Un entrepreneur ne peut réussir sans avoir une bonne dose de confiance et d’estime en soi. Toutefois, il arrive trop souvent que ces 2 ingrédients se retrouvent en trop grande concentration. À juste dosage, ils s’avèrent néanmoins des facteurs essentiels au succès. Mais comme dans toute recette, celle-ci peut-être un échec lorsque la quantité excède les besoins.
Un sain narcissisme entraîne l’entrepreneur dans des élans de créativité, d’assurance, et incite les autres à le suivre. Par son langage, ses comportements et sa conviction, il réussira à convaincre les employés, les fournisseurs, de même que les banquiers. Toutefois, lorsque ce narcissisme devient trop élevé, l’assurance se transforme alors en arrogance, les risques ne sont plus calculés, et gare à quiconque tente de les remettre en doute ou les critiquer. Les individus qui agissent de façon impulsive se sentent libres de contraintes et les idées brillantes, selon eux, ne cessent d’émerger. Par ces comportements boiteux, l’entrepreneur court tout droit à sa perte.
Plus l’entrepreneur a un idéal de lui-même élevé, une estime personnelle exagérée, et plus fragile à la critique celui-ci devient. Il cherchera donc des employés, des fournisseurs, des « yes man », qui agiront dans son ombre, le vénèreront, qui seront en accord constant avec sa façon de faire, de penser, qui viendront alimenter sa suffisance, son égo. Ces êtres imbus de leur importance acceptent très bien les conseils… quand ceux-ci vont dans le sens de ce qu’ils veulent entendre.
Toute personne qui conteste, confronte, critique, se verra alors destituée de son rôle.
Plus l’entrepreneur s’entoure de « yes man », moins il a un miroir réaliste de ce qu’il est et de ses projets. Dépourvu de feedback réaliste, plus il court à sa perte.
On dit que le pire qu’il peut arriver à un entrepreneur, est une série de succès consécutifs dans le passé. En l’occurrence, celui-ci en vient à croire qu’il est à l’abri de toute erreur de jugement, qu’il détient la recette, l’ultime vérité. Inexorablement, ces succès en viennent à créer une confiance en soi exagérée.
Les grands narcissiques ont donc une perception sélective de l’information. Ils deviennent extrêmement vigilants à la critique et interprètent celle-ci comme un signe de trahison, entraînant chez eux une réaction souvent démesurée.
Comment se prémunir, en tant que patron, de sombrer dans ce piège? Voici différentes pistes que de grands entrepreneurs m’ont avoué faire pour s’en préserver :
- Se doter d’un conseil d’administration.
- Toujours prendre des décisions après avoir consulté au moins 1 ou 2 personnes qui sont capables de critiquer, de jouer à l’avocat du diable.
- Inviter à son CA une personne de l’extérieur pour animer, lors de décisions majeures.
- S’assurer de ne pas être seul dans le cheminement d’un projet. Consulter, échanger et demander que l’on puisse trouver des points négatifs, les faiblesses ou les aspects à améliorer.
- Se rappeler que les succès passés ne sont pas toujours garants du futur.
- Se garder un petit côté pessimiste qui nous oblige à nous demander : et si cela ne fonctionnait pas comme je l’avais anticipé, qu’arriverait-il? Quels sont les points négatifs que je n’ai pas encore vus? Qu’est-ce qu’un septique me dirait ou penserait de mon projet?
- Consulter les gens concernés par le projet, qu’en pensent-ils, comment peuvent-ils l’améliorer?
Bien entendu, pour appliquer une ou plusieurs de ces stratégies, il ne faut certainement pas être convaincu à l’avance que l’on détient la vérité, mais bien se rappeler que derrière l’entrepreneur, il y a un humain et, de ce fait, celui-ci est faillible.