« Ma femme tolère beaucoup trop les comportements de notre fils. Il se lève quand il veut, il travaille quand il veut et nous demande constamment de l’argent. » J.C.

 

« Je ne suis plus capable d’accepter la façon dont mon conjoint me traite. »
« Je ne sais pas quand mon père acceptera de me laisser un peu de pouvoir. J’ai 35 ans et je n’ai rien à dire au sujet des décisions sur l’entreprise. »
« On se crie par la tête depuis des années, je n’en peux plus. »

 

Nous la prônons comme si elle était une vertu absolue. Or, elle peut nous amener en enfer si on la pratique à l’excès.

Problème de tolérance ou d’intolérance ? Jusqu’où doit-on aller ? Sans doute vous êtes-vous questionné plus d’une fois. Pratiquer une tolérance sélective serait davantage un objectif que devenir plus ou moins tolérant.

En fait, nous prônons la tolérance comme si elle était une vertu absolue. Toutefois, la vertu peut se transformer en péché et nous amener en enfer lorsqu’elle est pratiquée à l’excès et dans des situations inappropriées.

Lorsque Nancy se plaint que son conjoint arrive 15 minutes trop tard pour souper, qu’il n’assiste pas à toutes les réunions de parents ou qu’il ne passe pas l’aspirateur dans la maison, elle souffre franchement d’un manque de tolérance.

Lorsque Carole essaie de me convaincre du manque de contribution de son conjoint qui ne range pas les vêtements des enfants dans les bons tiroirs et ne met pas sa vaisselle régulièrement dans le lave-vaisselle, j’ai de la difficulté à la plaindre.

Par contre, lorsque Martine me confie que son conjoint la traite de tous les noms, qu’il l’injurie et l’a frappé « mais seulement à quelques reprises », alors il n’y a plus rien de sain à être tolérant. Il est grand temps que Martine exige que ça cesse.

Aussi, quand Sylvain me dit que sa femme réclame qu’il fasse toutes les tâches dans la maison, qu’elle dépense plus qu’il ne peut gagner, qu’elle sort avec ses amies trois soirs par semaine (« parce qu’elle n’a pas eu de vie de jeunesse ») et qu’elle part dans le sud avec un « copain » pour se reposer, je réponds : « Sylvain, trop, c’est trop. Ça fait longtemps que tu souffres de “tolérancite aiguë” ».

En fait, dans les situations où les comportements ou les paroles de l’un attaquent la dignité, l’intégrité et les valeurs fondamentales de respect de l’autre, il n’y pas lieu d’être tolérant. La colère, la violence et l’abus de pouvoir existent parce que des gens ou un système acceptent et tolèrent.

Pourquoi ces gens acceptent-ils ? Parce que Martine croit qu’elle ne mérite pas mieux. Que personne ne pourra l’aimer. Ses frères et son père lui ont dit toute sa jeunesse que personne ne voudrait d’elle. Sylvain, lui, est conseillé par la peur : peur d’être ruiné, peur de rester seul, peur du jugement des autres et peur que ses enfants souffrent trop s’il se séparait.

Le manque d’estime de soi, l’insécurité et la dépendance affective sont tous des facteurs qui contribuent à tolérer l’intolérable.

Alors, vivez-vous dans la vertu ou dans le péché ?

 

par Pierrette Desrosiers, M.PS.

Conférencière et coach d’affaires