« Le plaisir est toujours un bien et la douleur toujours un mal; mais il n’est pas toujours avantageux de jouir du plaisir et il est quelquefois avantageux de souffrir la douleur ». Malebranche, Nicolas.

En principe, tout être humain devrait pouvoir faire les choix qui sont bons pour lui (sa santé physique, émotionnelle et financière notamment), pour son bonheur quoi! Et bien si tel était le cas, personne ne fumerait, n’abuserait de boisson ou ne se fâcherait après ceux qu’il aime. Sans compter que tous feraient de l’exercice trois à cinq fois par semaine. De plus, les restaurants « fastfood » n’existeraient pas et le taux d’endettement ne serait pas aussi critique, et ce, pour l’ensemble des Canadiens.

Alors, pourquoi faisons-nous des choix qui nous font autant souffrir?

 

Premièrement, l’être humain est guidé par des mécanismes de recherche du plaisir et la fuite du déplaisir (ou des émotions négatives). Il est plus intéressant pour lui de s’installer devant un bon film que d’aller se faire transpirer en joggant 45 minutes, histoire d’alimenter son cardio.

Deuxièmement, bon nombre d’entre nous souffrent de « myopie temporelle ». En d’autres termes, nous avons souvent une perspective à très court terme. Par exemple, la vue ce midi du gâteau au chocolat est plus intéressant et plus concret que la baisse du cholestérol à long terme ou la possibilité du diabète dans 20 ans. Conduire une belle voiture ou le plus récent modèle de camion est plus excitant aujourd’hui, que d’économiser pour notre retraite d’ici 25 ans.

Troisièmement, nous avons tendance à minimiser et à isoler nos comportements. « Ce n’est pas une cigarette de plus qui va me tuer ». Non, mais ce sont les milliers de cigarettes accumulées qui elles vont définitivement augmenter le risque du cancer. « Ce n’est pas ce petit dessert qui peut me faire du tort ». Non, mais ce sont tous ces desserts chaque jour, plus toutes ces poutines et tous ces gras trans ingurgités jour après jour. « Ce n’est pas un paiement de plus qui va changer quelque chose, après tout je le mérite bien ». Non, mais ce sont tous ces paiements accumulés qui s’avèrent une source de stress.

Et finalement, l’incapacité de tolérer l’anxiété est aussi un facteur important et c’est la raison pour laquelle nous évitons souvent d’aborder un problème. Combien de gens tolèrent des conflits ou n’osent rien dire, car l’idée de confronter leur amène de l’anxiété. Comme l’anxiété est une émotion fort désagréable, il est alors plus facile de ne rien dire que d’exprimer notre point de vue. Et que dire de l’idée de faire notre testament, de planifier notre avenir, de parler de relève? Trop de facteurs anxiogènes, donc on évite.

L’être humain a tendance à justifier ses choix en banalisant, en niant, en omettant. Ce sont ces milliers de petites décisions prises dans un sens ou dans l’autre qui, en fin de compte, donnent nos résultats de vie. Même quand on a l’impression de ne pas décider, de ne pas choisir, en réalité nous choisissons. Nous choisissons l’inaction. En somme, toutes nos décisions ont des conséquences. Nous préférons donc vivre une situation désagréable, mais connue au lieu d’accepter de tolérer l’anxiété d’un événement inconnu.

Bref, tout ce qui est vraiment bon pour nous n’est malheureusement et certainement pas toujours agréable. Il faut donc s’arrêter pendant un instant et se demander si faire ce que je fais aujourd’hui m’amène réellement aux résultats escomptés pour le futur.

 

par Pierrette Desrosiers, M.Ps.

Coach d’affaires, conférencière et auteure